Les sapeurs-pompiers semblaient n’avoir aucun répit au cours de la journée d’hier. Alors qu’une équipe venait à peine de rentrer à la caserne à Tsaralalàna, voilà qu’une nouvelle a dû mobiliser d’autres. Cette fois, le cœur du quartier de Manarintsoa - Isotry s’était embrasé vers 15h. Là, au moins quinze maisonnettes en bois d’un bidonville étaient dévorées par les flammes. Celles-ci étaient d’une puissance telle qu’une volute de fumée s’élevait dans le ciel offrant ainsi une vision cauchemardesque pour les observateurs depuis les hauteurs dominant ce quartier de la plaine occidentale de la ville. Plus près, la chaleur émanant du brasier a été sentie dans un rayon d’au moyen 20 mètres à la ronde. Puisqu’il ventait assez fort au moment du sinistre, cela a décuplé la puissance du feu, accélérant ainsi l’œuvre destructrice du feu sur les infrastructures déjà trop précaires des lieux.
Pour les locataires constitués d’une trentaine de familles, les pertes sont incalculables. Ils y ont perdu leurs économies parfois réunies pendant des années, ainsi que leurs maigres mobiliers. Malgré pourtant l’ampleur des dégâts, l’on ne déplore aucune perte en vie humaine, ni blessé.
Les pompiers ont reçu l’alerte vers 14h45. Quatre fourgons pompes furent dépêchés à l’endroit. Une équipe des sapeurs d’Anosivavaka était de la partie. Dix minutes après l’alerte, les soldats de feu étaient à l’œuvre sur place. Ils ont dû utiliser des sources pas trop potables, se contentant des eaux usées des canaux d’évacuation du secteur, faute de bouches d’incendie. Au prix d’une lutte acharnée au cours de laquelle aucune des constructions touchées n’a pu être sauvée, le feu a été progressivement maîtrisé, pour être complètement éteint vers 17h. Comme lors de l’incendie chez SIPROMAD, on ignore encore ce qui aurait pu provoquer cet incendie dévastateur à Manarintsoa- Isotry.
Mais ce qui intrigue plus d’un, presque tous les ans et dans cette même période de l’hiver, les quartiers défavorisés situés sur cette plaine de l’Ouest d’Antananarivo sont souvent les théâtres de ce genre de sinistres aux conséquences fâcheuses pour leurs habitants, pourtant de conditions très modestes. Comme à l’accoutumée, la négligence est souvent évoquée comme source du drame : une bougie non éteinte, sinon un feu de cuisson, etc. A celle-ci s’ajoute la promiscuité, faute d’un plan d’urbanisme, donc d’une absence d’issue de secours. Dans le cas d’hier, l’enquête menée par la Police tente encore de déterminer la cause exacte du sinistre.
Franck R.